Sainte-Ode – Le long chemin entre intentions et décisions politiques à la Butte du Celly

Sainte-Ode – Le long chemin entre intentions et décisions politiques à la Butte du Celly

Il y a – au moins – trois qualités que les collectifs d’habitants qui se créent pour lutter contre des projets « inadaptés, imposés, nuisibles,… » (selon notre formule fétiche) doivent acquérir.

La première est la capacité de réagir et de mobiliser dans l’urgence. Par exemple quand survient une enquête publique qui ne laisse que 15 ou 30 jours pour découvrir un dossier de plusieurs centaines de pages, l’analyser, en tirer l’essentiel, pointer les erreurs, les incohérences, les risques, les insuffisances (et même les horreurs pures et simples), puis tirer de tout cela un courrier-type à faire signer largement, et finalement se lancer dans une campagne intense pour récolter un maximum de soutien et de signatures par tous les moyens possibles et imaginables.

La deuxième est la vigilance, à déployer dans les moments où tout semble calme (mais faussement calme) parce que le promoteur peaufine son projet avant de déposer la demande de permis, ou parce que la Commune analyse les centaines de courriers qu’elle a reçu avant de rendre son avis ou encore parce que le recours déposé par le collectif contre la décision de la commune est parti au Conseil d’Etat. Des périodes parfois longues où on est dans l’attente mais où il ne faut surtout pas s’endormir parce que le réveil pourrait être brutal et désagréable.

Et puis il y a la patience. Celle dont un collectif doit faire preuve quand il a obtenu une victoire sur le promoteur et son horrible projet et quand la commune et/ou la Région lui ont donné raison (en le disant ouvertement ou, plus souvent, sans vraiment le reconnaître publiquement). Arrive alors le moment important qui semble ouvrir les portes d’un avenir radieux : les autorités concernées assurent le collectif qu’elles vont mettre en place une « vraie concertation » pour arriver à « une solution qui convienne à tout le monde », dans le sens de « l’intérêt général » et, bien sûr, avec une réelle « participation citoyenne », moteur d’une « citoyenneté responsable ». Et puis… on attend. On attend. Et on attend encore. Et on découvre que certains ont juste décidé de vous balader, histoire de gagner du temps. Ou que d’autres, mieux disposés, sont néanmoins enlisés dans des procédures administratives qui durent trèèèèès longtemps.

Ce sont parfois les moments les plus durs pour un collectif, quand on a eu l’impression d’avoir gagné et de toucher au but et qu’on se rend compte que le « temps politique » est beaucoup plus long et beaucoup plus lent que le « temps citoyen » ou le « temps associatif ».

C’est à ce moment que la patience ne suffit plus et qu’il faut refuser de subir cette lenteur engourdissante, voulue ou non, et se remonter les manches pour remettre la pression sur les autorités.

C’est tout le sens du communiqué que viennent de nous envoyer nos ami.e.s du collectif Celly-C-Nous qui ont défait un projet de complexe touristique de luxe qui aurait détruit une grande partie du patrimoine naturel et historique de la Butte du Celly à Sainte-Ode dans la province du Luxembourg.

Nous relayons bien volontiers ce communiqué.

« La Butte du Celly : symbole d’un écart entre intentions et décisions politiques

Depuis plus d’un an, l’ASBL Celly-C-Nous a multiplié les démarches auprès de la Province de Luxembourg afin de mettre en place une collaboration formalisée sur l’avenir du site de la Butte du Celly. Durant cette année, un travail continu a été mené pour donner un cadre concret à une démarche de démocratie participative. La Province s’est montrée ouverte dans ses échanges, mais cette ouverture n’a, à ce jour, débouché sur aucune décision ou action tangible concernant l’implication du collectif dans le cadre de l’avenir du site. La dernière réponse officielle transmise par une députée provinciale précise uniquement que l’association sera « contactée en temps utile ».

Cette situation met en évidence un écart persistant entre les déclarations d’intention et la mise en œuvre effective d’une gouvernance participative.

Concernant la Commune de Sainte-Ode, des propositions de participation à une réflexion stratégique pour le site ont été adressées en date du 25 mars 2025. La commune a toutefois déclaré être « non-compétente » sur le dossier et adopter une position « neutre ».

L’élément central reste néanmoins que la Butte du Celly n’a pas fait l’objet d’urbanisation ni de privatisation. Qui plus est, les deux autres principes énoncés par le manifeste soutenu par plus de 4.000 signataires – réaffectation du bâti existant et respect du plan de secteur – apparaissent d’ores et déjà repris comme référence par plusieurs décideurs.

La mobilisation citoyenne demeure donc déterminante pour garantir que l’ensemble des objectifs exprimés par le manifeste orientent l’avenir du site. Le collectif reste attentif et veillera à ce que ceux-ci soient effectivement respectés à l’avenir, en maintenant une présence active dans le suivi du dossier.

Le collectif remercie encore une fois toutes les personnes qui soutiennent cette dynamique et qui ont signé le manifeste et la pétition. »

Siège social : 12 rue en Fraiture 6680 Lavacherie
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