Marche pour le Climat à Bruxelles – 30.000 manifestant.e.s… et quelques questions
Nous étions 30.000 à défiler dans Bruxelles pour la Marche pour le Climat ce dimanche 5 octobre. Mieux qu’espéré, plus qu’en 2023 (et nettement plus que lors de la mini-manif de l’an dernier à l’occasion de la COP). Mais évidemment très loin des 70.000 à 100.000 d’il y a quelques années.
Cette Marche, colorée et chaleureuse comme d’habitude, montre bien que, malgré le discours mille fois ressassé à droite selon lequel « les gens ne se préoccuperaient plus du climat », il existe toujours un courant significatif dans la population qui pense que le climat est un problème essentiel. Et qui pensent que ce problème n’est pas du tout séparé du reste des problèmes qui nous assaillent aujourd’hui : de nombreuses interventions et pancartes faisaient le lien entre les dizaines de millions d’euros soudainement trouvés pour l’achat des F-35, l’armement et les cadeaux aux grandes entreprises et les dizaines de millions d’euros introuvables pour le climat mais aussi pour la santé ou les pensions.
Ce lien était fait aussi par la Coalition Climat, organisatrice de la Marche, qui, cette année, appelait clairement à arrêter les subventions aux énergies polluantes, à taxer les entreprises responsables de la crise climatique et à mettre à contribution les ultra-riches, responsables d’une grande part des émissions. Et elle a confirmé ce lien en appelant à participer à la manifestation syndicale de ce mercredi 14 octobre.
De bonnes nouvelles donc. Mais que douchent quand même sérieusement les premières réactions de la Coalition Climat après cette journée.
Au lendemain de la Marche, la Coalition Climat a en effet annoncé fièrement sur son site que « Ce 5 octobre une fois encore nous étions dans la rue pour réclamer plus d’ambition climatique. Dès à présent, nous allons poursuivre notre travail et porter vos revendications aux politiques. Merci, merci, merci. »
Tout ça pour ça ? Pour aller « porter les revendications aux politiques » ? Comme s’ils n’étaient pas aussi bien au courant que nous ? Comme si leurs choix de tailler dans les législations et les budgets pour l’environnement et le climat n’étaient pas pleinement réfléchis et assumés ? Comme s’ils allaient ouvrir des yeux tout ronds en découvrant l’ampleur des problèmes ? Comme s’ils allaient sortir directement leur portefeuille gouvernemental et lancer des politiques amitieuses pour le climat après avoir vu les images de la manif ?
Et comme si des gouvernements de droite en 2025 allaient mener une politique que des gouvernements « du centre » (et avec la participation d’Ecolo et de Groen !) n’avaient pas menées avant ? Comme si des gouvernements de plus en plus à droite qui chaque jour inventent de nouveaux moyens de saquer dans le social, la culture et l’environnement, allaient changer leur bazooka d’épaule et se mettre à « arrêter les subventions aux énergies polluantes, taxer les entreprises responsables de la crise climatique et mettre à contribution les ultra-riches, responsables d’une grande part des émissions climatiques » ?
Il n’y a pas de solutions immédiates et toutes prêtes à servir à la question « Comment allons-nous imposer nos revendications aux politiques », si ce n’est que la condition de départ est de reconstruire un bloc fort pour les porter. Et que cela ne pourra se faire qu’en unissant étroitement réponses environnementales et climatiques et réponses sociales, en dénonçant les vrais responsables des problèmes et ne se focalisant pas sur les « petits gestes individuels » et en développant une véritable écologie sociale et populaire (avec un « populaire » qui ne signifie pas « qui est bien vu par plein de gens parce qu’il est inoffensif » mais « qui répond aux besoins des classes populaires ».
Ce sont ces questions que nous avions commencé à évoquer dans notre dossier « Marcher pour le climat. Oui mais après ? » paru juste avant la Marche. Et elles sont toujours aussi cruciales après celles-ci. Donc n’hésitez pas à retourner jeter un œil attentif (et même deux !) à ce dossier et à en débattre avec nous.


