Pologne, Forêt de Białowieża, Déforestation.

Pologne, Forêt de Białowieża, Déforestation.

La Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) a tranché ce mardi. L’exploitation de la forêt de Białowieża, autorisée par le gouvernement polonais depuis mai 2016, a été déclarée contraire au droit environnemental communautaire de la zone UE. « Les opérations de gestion forestière concernant le site de la forêt de Białowieża enfreignent le droit de l’UE » a ainsi déclaré la CJUE dans un communiqué. Ce communiqué précise par ailleurs que la Pologne devrait se conformer « sans délai » à l’arrêt de l’exploitation forestière, sous peine de sanctions financières. Henryk Kowalczyk, ministre de l’Environnement du gouvernement Morawiecki, a de suite réagi en affirmant que la Pologne respecterait la décision de la CJUE. Fin juillet 2017, la CJUE avait déjà ordonné la fin de l’abattage des arbres, sous peine d’astreinte de 100.000 euros par jour. Mais les coupes avaient bel et bien avait continué, comme l’ont prouvé des images prises par des associations de protection de l’environnement. Cette nouvelle décision devrait permettre d’activer ces astreintes (pouvant aller maintenant jusqu’à 300.000 euros par jour), d’où sans doute ce revirement gouvernemental. La forêt de Białowieża, la Tour Blanche en français, est la plus vieille forêt primaire d’Europe et date de l’ère glaciaire. Cinquante-neuf espèces de mammifères (des loups, des lynx, des loutres, des renards ou même des chevaux koniks), plus de 250 espèces d’oiseaux, 13 d’amphibiens, 7 de reptiles et plus de 12000 d’invertébrés y vivent. Un quart de la population mondiale de bisons y réside. Elle est bien entendu protégée par une série importante de traités, nationaux comme internationaux. Située à cheval entre la Pologne et la Biélorussie, elle s’étend sur environ 1600km2, dont un tiers sur le territoire polonais. C’est cette partie qui, fait, depuis 2016, l’objet d’une exploitation forestière intense au prétexte de la présence de scolytes (des insectes ravageurs s’attaquant principalement au bois tombé) et des risques de feux de forêt. Devant les protestations des milieux environnementalistes, les autorités polonaises, soutenues par une bonne partie de la population locale ainsi que par des groupements nationalistes, avaient choisi, en 2017, d’engager plus avant encore les opérations modifiant avant terme le « Forest Management Plan 2012-2021 », permettant de multiplier par huit les abattages et ne protégeant plus les spécimens de plus de cent ans d’âge. Cette fois le jugement de la Cour de Justice européenne aura peut-être raison du mépris du gouvernement polonais de Mateusz Morawiecki, membre du parti conservateur et eurosceptique Droit et Justice et partisan de la « démocratie illibérale » du président hongrois Orban.

Deux pétitions, très complètes dans leurs informations, continuent de circuler. Il y a celle lancée collectivement par Greenpeace, Greenmind, le WWF et la Fondation polonaise Dzika polska : http://www.ilovebialowieza.com/ et puis la pétition de l’ONG Sauvons la Forêt : https://www.sauvonslaforet.org/petitions/1100/patrimoine-mondial-en-danger-sauvons-la-foret-de-bialowieza#updates