Greenpeace pointe du doigt les vrais coupables de la crise agricole

Greenpeace pointe du doigt les vrais coupables de la crise agricole

Cet article est largement inspiré de deux articles publiés sur le site de Greenpeace.

Vendredi 23 février au petit matin, une dizaine d’activistes de Greenpeace se sont rendu·e·s aux sièges de différents partis politiques (MR, CD&V, Open VLD, le parti européen PPE), du lobby agricole européen Copa-Cogeca, des fédérations du commerce (Comeos, EuroCommerce) et des lobbies de l’industrie alimentaire (Fevia, FoodDrinkEurope).

Par solidarité avec les agriculteur·rice·s qui craignent légitimement pour leur avenir, les activistes de Greenpeace ont apposé des posters sur lesquels on pouvait lire : « Qui profite des agriculteur·rice·s? Chut… N’en parlons pas”.

Un système bancal et pervers à bout de souffle

Les grandes entreprises de l’agro-alimentaire réalisent aujourd’hui des profits énormes. La plupart de temps, ces gains se font au détriment des agriculteur·rice·s, des consommateur·rice·s et de la nature. Cette embarrassante vérité est pourtant largement dissimulée lors des débats qui entourent les manifestations des agriculteur·rice·s européen·ne·s.

« L’industrie agroalimentaire, le secteur de la grande distribution, mais aussi les différents gouvernements qui se sont succédés sont responsables de la situation critique dans laquelle se trouvent de nombreux·euses agriculteur·rice·s aujourd’hui », explique Albane Aubry, chargée de campagne agriculture chez Greenpeace Belgique. « Ils incarnent et soutiennent un système pervers qui encourage, notamment par le biais de subventions, l’intensification et l’industrialisation des fermes. Ce système conduit à des marges si minces qu’elles contraignent les agriculteur·rice·s à s’agrandir en continu pour survivre. »

Dénonçant un modèle économique bancal et à bout de souffle, Greenpeace appelle à une réforme en profondeur de notre système agricole. « Le débat sur le ras-le-bol du monde agricole est actuellement détourné par des responsables politiques et des groupes d’intérêt qui sont à l’origine des problèmes », déclare Albane Aubry. « Ce sont des partis politiques comme le CD&V, le MR et l’Open VLD qui sont responsables des traités internationaux de libre-échange, du système problématique de subventions et des revenus ridiculement bas, qui forcent les agriculteur·rice·s à se tuer à la tâche. Dans le système actuel, il n’y a pas d’avenir durable pour notre monde agricole ».

Par ces actions simultanées, nous avons voulu pointer du doigt leur responsabilité considérable, avec la complicité du gouvernement, dans la crise agricole, sociale et environnementale en cours.

Remettre en question le modèle économique, pas les mesures environnementales

Aujourd’hui, nombre d’agriculteurs et d’agricultrices ne parviennent pas à vivre dignement de leur travail, alors qu’ils et elles nous nourrissent. Une situation intolérable. Mais supprimer les normes environnementales, réduire à néant les efforts de réduction des pesticides ou bloquer la loi de restauration de la nature européenne ne changera rien aux problèmes de rémunération et aux souffrances du monde paysan. Pire, cela ne fera qu’aggraver les impacts sanitaires et climatiques dont les agriculteurs et agricultrices sont déjà les premières victimes.

Il est grand temps de s’attaquer enfin aux véritables raisons de l’appauvrissement des agriculteur·rice·s. Ce sont les marchés, les subventions, la concurrence déloyale découlant des traités de libre-échange et l’absence de réglementation appropriée qui obligent les agriculteur·rice·s à faire un choix désespéré entre la production industrielle et la faillite.

Les traités internationaux de libre-échange tels que celui envisagé entre l’UE et les pays du Mercosur entraînent une concurrence déloyale pour les agriculteur·rice·s européen·ne·s. Le syndicat agricole wallon Fugea et l’organisation agricole internationale Via Campesina appellent, avec de nombreux partenaires, dont Greenpeace, à manifester lundi contre le libre-échange dans le quartier européen de Bruxelles. Cette mobilisation se tiendra en marge de la réunion des ministres de l’agriculture au sein du Conseil de l’UE, qui se penchera sur des solutions structurelles à la crise agricole.

Soutenir les alternatives agroécologiques

Greenpeace prône une production alimentaire qui soit bénéfique aussi bien pour les agriculteur·rice·s, que pour les consommateur·rice·s et pour la nature. Détricoter les mesures environnementales, comme le font aujourd’hui les responsables politiques, ne fera qu’aggraver le problème et engendrer plus d’incertitudes. Les agriculteur·rices sont les premières victimes de la crise climatique et de la biodiversité.

« L’agriculture biologique, l’agroécologie et les circuits courts sont tant de pratiques qui existent et ne demandent qu’à être amplifiées et rendues accessibles à tou·te·s” conclut Albane Aubry.. “Afin de soutenir structurellement la transition agroécologique de notre modèle agricole, les agriculteur·rice·s doivent impérativement être encouragé·e·s et récompensé·e·s dignement pour leurs modes de production respectueux de l’environnement.” 

Le site de Greenpeace : https://www.greenpeace.org/belgium/fr/