Stembert (Verviers) – C’est l’histoire d’un concassage qui se fait concasser…

Stembert (Verviers) – C’est l’histoire d’un concassage qui se fait concasser…

C’est aussi l’histoire d’une société qui cherche à construire de nouvelles installations mais qui n’y arrive pas. Mais c’est surtout l’histoire d’une société qui s’assied sur les protestations répétées des habitants et qui fait tout ce qu’elle peut pour vendre son projet, dans un étonnant mélange d’amateurisme et d’arrogance.

Accrochez-vous, car cette histoire est riche en rebondissements.

En 2022, la société Terrac dépose une demande pour installer un centre de stockage et de gestion des déchets de chantiers (qui comprend une section destinée au concassage de ces déchets) dans un petit zoning à Stembert. A l’époque, la demande passe largement inaperçue, il n’y a que 20 réponses au cours de l’enquête publique mais Terrac décide soudainement de retirer sa demande avant même la fin de l’enquête publique !  Sans doute se sont-ils rendus compte un peu tard que la Ville de Verviers n’était pas favorable à une activité de concassage à ciel ouvert et leur demandait de prévoir cette activité dans un hangar…

En août 2023, une nouvelle enquête publique est lancée pour une nouvelle demande de permis… qui inclut toujours une activité de concassage à ciel ouvert! Cette fois, la colère des habitants éclate. Ils craignent à raison le bruit, la poussière, la pollution, le passage fréquent de camions,… liés à ces activités, le tout dans un petit zoning de PME essentiellement tournées vers le secteur tertiaire et non vers l’industrie lourde ! 4 pétitions circulent, 141 lettres de réclamation sont déposées, en tout près de 1000 personnes marquent leur opposition pendant l’enquête publique – un mouvement d’une ampleur rarement vue à Verviers. En septembre, le Collège communal refuse le permis et ce refus est confirmé par la Région wallonne en octobre.

Fin de l’histoire? Que non! La société Terrac dépose un recours contre cette décision et revient à la charge au début de cette année. Elle ajoute un nouvel élément au dossier: une étude qui démontrerait que l’augmentation du charroi de camions après la création de l’usine serait négligeable au vu du nombre de camions circulant déjà actuellement. Sur cette base, la société introduit une troisième demande de permis, qui implique donc une troisième enquête publique, lancée en février 2024. Cette nouvelle enquête publique porte comme les deux précédentes sur un projet incluant une activité de concassage.

Coup de théâtre: à peine l’enquête publique, la société Terrac annonce publiquement qu’elle ne veut plus mener d’activité de concassage sur le site, histoire de calmer les riverains et les habitants des villages voisins.  Mais la demande de permis inclut pourtant cette activité ! Les opposants ne sont pas décidés à prendre pour argent comptant ces déclarations rassurantes, sachant que le permis s’il était accordé permettrait à Terrac de revenir sur ses promesses et de construire quand même l’unité de concassage.

Ils sont d’autant moins prêts à faire confiance à Terrac qu’il apparaît que la fameuse analyse concluant à l’impact négligeable de la possible future activité a été réalisée au cours d’une semaine où il y avait de la neige et qui n’est absolument pas représentative de la situation normale. Et ils soulignent que le fonctionnement de l’usine impliquerait d’amener des milliers de m3 de terre, qu’il n’y a pas d’égout sur place et qu’on peut se demander comment le nettoyage des installations pourrait se faire dans ces conditions…

L’enquête publique a cette fois donné lieu à 1 seule pétition..  mais à 870 courriers d’opposition ! Et jeudi 21 mars, le Collège, considérant qu’il n’y a aucun élément probant nouveau, confirme son précédent refus. Il reste à attendre la décision de la Région qui devrait, en toute logique, confirmer à nouveau le refus… et à  espérer que la société Terrac finisse par comprendre qu’à part elle, personne ne veut de ce projet à cet endroit!