Cap sur le « Stop béton maintenant ! »

Cap sur le « Stop béton maintenant ! »

C’est à Jambes qu’a eu lieu la 5ème Assemblée Générale annuelle d’Occupons le Terrain (en abrégé OLT) ce dimanche 17 mars. Une journée pour tirer le bilan de l’année écoulée, fixer des perspectives pour 2024 et, en particulier, lancer notre campagne pour un « Stop Béton maintenant! ». Tout cela dans un climat de travail collectif mais aussi de bonne humeur et de plaisir de se retrouver ensemble pour échanger et faire grandir un projet qui nous tient toutes et tous à cœur.

 

Un bilan franchement positif

Nous nous étions fixé comme objectif à l’AG de 2023 d’étendre géographiquement le réseau « Occupons le Terrain » et d’en renforcer la structure de travail. Mission accomplie! A la coordination régionale de Liège née en 2018 et à celle de Namur née au tout début 2023 se sont ajoutées cette année deux nouvelles coordinations, sur le Brabant wallon et sur le Luxembourg. Ces structures jouent un rôle important en permettant les échanges d’informations et d’expériences entre collectifs et en apportant un soutien plus efficace à ceux qui font face à des enquêtes publiques ou à d’autres échéances stressantes. Elles permettent aussi, de plus en plus, de mener des actions communes sur leur région (comme la pétition lancée par la coordination liégeoise pour un Stop Béton qui a déjà recueilli plus de 7000 signatures).

Ces coordinations ont joué un rôle important dans la croissance d’OLT en 2023 puisqu’elles ont aidé à la constitution de nouveaux collectifs et amené vers nous des collectifs existants En tout, ce sont 17 collectifs qui ont rejoint le réseau OLT cette année!

Le fonctionnement du réseau s’est aussi amélioré. Plusieurs groupes de travail ont pris leur essor cette année (en particulier celui chargé de l’accueil et de l’intégration des collectifs dans OLT et celui chargé du travail d’analyse et de la formation). Quant à notre newsletter, elle est passée de mensuelle à bimensuelle, avec un contenu riche et diversifié, et elle compte aujourd’hui 5 fois plus de destinataires qu’en 2022 !

Enfin, OLT a affirmé sa présence sur des terrains un peu plus « périphériques » par rapport à ses objectifs de départ, comme le droit au logement, la défense et la promotion d’une agriculture paysanne, la mobilisation pour le climat,… et noué ou approfondi des liens avec de nombreuses associations et réseaux. Petit à petit, notre réseau, tout en restant un « service d’aide » efficace pour les citoyens et les collectifs, se développe aussi en mouvement social présent sur divers terrains.

Des perspectives pour continuer à grandir

Dans la foulée de ce bilan, nous avons aussi adopté une série de perspectives pour l’année 2024. Certaines sont d’ordre « interne »: consolider les quatre coordinations existantes (Liège, Namur, Brabant wallon, Luxembourg) et étendre leur zone d’intervention réelle ; jeter les bases d’une coordination sur le Hainaut; consolider les Groupes de Travail existants et en créer de nouveaux, accroître notre capacité à soutenir des collectifs naissants ou bien établis lors d’échéances importantes pour eux,…

D’autres sont davantage tournées vers l’extérieur : développer la convergence et la solidarité active avec d’autres mouvements locaux et internationaux, notamment pour le droit au logement contre la gentrification des quartiers populaires, pour une agriculture paysanne, contre les détraqueurs du climat, qu’ils soient gouvernementaux ou privés,…

Tout cela ne sera possible que par une participation accrue, à  tous les niveaux, de toutes celles et tous ceux qui soutiennent OLT (s’y investissant via leur collectif local, une des associations partenaires ou par une adhésion individuelle directe). Le message de notre Assemblée Générale est donc clair: « Rejoignez-nous, engagez-vous, faisons vivre ensemble notre réseau avec vos idées et votre énergie ».

Et cela est d’autant plus vrai que nous avons aussi décidé de nous lancer en même temps dans une campagne de grande ampleur…

« Stop Béton! », une urgence absolue

« Stop Béton » est un cri du cœur et une réponse évidente pour tous les collectifs engagés dans des luttes pour défendre des espaces menacés. Mais chaque collectif a aussi expérimenté le fait qu’une victoire n’est bien souvent que temporaire, que les promoteurs et les bétonneurs ne laissent pas tomber après un premier revers et que la seule solution durable est de modifier le Plan de Secteur – ou au moins de « geler » son application – pour rendre inconstructibles ces terrains et les mettre définitivement à l’abri.

Réclamer un Stop Béton à l’échelle wallonne n’est jamais que porter à un niveau plus large et plus général des revendications qui s’expriment localement un peu partout. Mais notre revendication du « Stop béton maintenant! » a un sens qui va encore au-delà. Parce que l’urgence du dérèglement climatique, de la chute de la biodiversité, de la crise de l’accès au logement,… nous mordent la nuque. Et que, derrière tout cela, il y a bel et bien au moins une cause commune: la manière dont nos territoires sont “aménagés” et soumis aux logiques de rentabilité et de profit à tout prix, avec le béton et l’asphalte comme outils.

Depuis la création du Plan de Secteur il y a quarante ans, plus de la moitié des espaces qui avaient été considérés à l’époque comme constructibles ont déjà été construits ou artificialisés, sous la forme de lotissements, de zonings industriels, de zones commerciales,… A titre de comparaison, ces 575 km2 artificialisés, c’est la superficie cumulée des 5 principales villes wallonnes (Charleroi, Liège, Namur, Mons, La Louvière). C’est aussi celle de 82.000 terrains de football!

Aujourd’hui, tous les chercheurs affirment que l’artificialisation des terres et l’étalement urbain qui l’accompagne constituent une catastrophe environnementale, climatique et sociale. De nombreux décideurs politiques le reconnaissent aussi. Mais la réponse politique est d’une telle timidité que rien n’indique que ce cancer va pouvoir être jugulé à temps (et, « à temps » n’est pas synonyme de « On va essayer d’y arriver en 2050 ».

Il reste aujourd’hui 525 km2 considérés comme constructibles selon le Plan de Secteur. Il faut empêcher leur artificialisation et les protéger durablement.

 

« Stop Béton maintenant ! », un Manifeste qui décape…

Lors de notre AG, nous avons adopté un Manifeste qui explique tout cela et surtout qui pointe des solutions, radicales mais indispensables, à travers dix revendications. Au niveau régional, nous réclamons la révision en profondeur du Plan de Secteur à l’échelle wallonne d’ici 2030 afin de protéger définitivement les terrains aujourd’hui définis comme constructibles et présentant un intérêt environnemental et/ou agricole. Au niveau communal, nous réclamons des autorités l’affirmation publique d’un moratoire en refusant tout permis de construction sur les terrains ayant un usage agricole ou présentant un intérêt en tant qu’espace vert, quelle que soit leur affectation au Plan de Secteur.

Ces revendications sont radicales mais elles nous semblent absolument indispensables. Nos expériences locales nous font penser qu’elles peuvent devenir largement populaires. Mais nous savons aussi qu’elles heurtent de front les intérêts d’un grand nombre de propriétaires, et particulièrement des grands accapareurs de terrains que sont les promoteurs immobiliers. Et que, pour cette raison, elles heurtent aussi tous les réformateurs frileux qui mènent la politique du « On fait ce qu’on peut » et plus encore les conservateurs déclarés pour qui « On en fait beaucoup trop » en matière écologique.

Pour faire avancer cette revendication, puis pour remporter la bataille, nous allons ainsi devoir développer une argumentation convaincante sur des sujets nettement plus polémiques que ceux sur lesquels nous luttons quotidiennement dans nos collectifs et nous allons surtout devoir construire une mobilisation d’une ampleur inédite pour nous.

…et une campagne qui bourgeonne

La campagne que nous lançons profite évidemment de la double salve d’élections qui auront lieu en juin (régionales, fédérales et européennes) et en octobre (communales et provinciales). Mais il est évident qu’elle se prolongera après celle-ci, dans les mois et les années qui viennent.

Le lancement de la campagne aura lieu dans la deuxième quinzaine de mai, avec quelques actions ciblées dans divers endroits symboliques, le but étant d’assurer une première visibilité de nos revendications au niveau régional wallon. Le deuxième temps fort aura lieu à la mi-septembre avec des actions, les plus nombreuses possibles, dans toutes les communes où sont implantés des collectifs adhérant à OLT… et, pourquoi pas, dans d’autres communes aussi – pour nous imposer dans le débat des élections communales.

Cette campagne, nous la porterons avec nos collectifs et associations membres d’OLT. Mais nous voulons aussi qu’elle soit reprise par beaucoup d’autres groupes, associations, mouvements,… et par un maximum de personnes qui en partagent l’esprit et les objectifs. C’est dire qu’il y a du pain sur la planche pour les prochains mois!

Une AG plus que réussie

Adopter un Bilan et des Perspectives, valider un Manifeste et le contenu d’une campagne, lancer les premières prises des actions à mener dans chacune de nos coordinations régionales et, à la fin, élire un Groupe de Pilotage qui assurera l’animation au quotidien du réseau OLT tout au long de l’année, c’était un rude programme pour cette AG.

Nous avons relevé le défi, comme d’habitude, avec sérieux et détermination mais aussi dans la convivialité et la bonne humeur. Nous voici donc parés pour 2024. Il ne nous manque plus qu’un petit quelque chose qui fera toute la différence : vous, vos idées, votre énergie et votre envie de faire bouger les choses. Alors, n’hésitez pas à nous contacter et à nous rejoindre pour construire ensemble cette belle aventure.