Louvain-la-Neuve – Projet Athéna-Lauzelle: Agissons pour plaquer le SOL au sol!

Louvain-la-Neuve – Projet Athéna-Lauzelle: Agissons pour plaquer le SOL au sol!

Un nouveau projet immobilier résidentiel de 1.300 logements, baptisé Athéna, se profile à Louvain-la-Neuve., sur des terrains situés entre la N4, le bois et le boulevard de Lauzelle.

Ce projet qui couvre 30 hectares est situé à proximité immédiate du bois de Lauzelle, site Natura 2000, et il va imperméabiliser 20 hectares des meilleures terres agricoles sans offrir d’option sérieuse à un meilleur accès au logement. Le choix du site hypothèque ainsi les objectifs de transition “verte” et “sociale” annoncés par le promoteur INESU SA, bras immobilier de l’Université catholique de Louvain (UCL).

Il fait actuellement l’objet d’un projet de SOL (Schéma d’Orientation Local) qui est soumis à une enquête publique.

Deux collectifs se mobilisent: MobZ (FB: MobZ OLLN) et Sauvons le Bois de Lauzelle (FB: Sauvons le bois de Lauzelle). Nous vous invitons, des environs les plus proches jusqu’au fin fond de toute la Wallonie, à répondre à l’enquête publique.

Pour vous y aider, MobZ vous propose une lettre-type. Nous la reproduisons ci-dessous, nous vous invitons à la compléter (y compris en ajoutant vos commentaires personnels) et à l’envoyer à la Ville d’Ottignies–Louvain-la-Neuve à l’adresse :  urbanisme@olln.be.

N’oubliez pas d’indiquer votre adresse complète et la date de l’envoi.


Proposition de courrier à envoyer (idéalement modifié et/ou complété par vos soins mais obligatoirement rempli avec les informations personnelles demandées en fin de texte) – A envoyer à urbanisme@olln.be avant vendredi 19 avril à minuit.

A l’attention du
Collège des Bourgmestre et Echevins
de la Ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve
Espace Cœur de Ville, 2
1340 Ottignies

Concerne : S.O.L. ATHENA-LAUZELLE à Louvain-la-Neuve.
Enquête publique relative au projet de Schéma d’Orientation Local (S.O.L.) pour l’urbanisation du périmètre de la nouvelle zone d’habitat inscrite au Nord de Louvain-la-Neuve, suite à la modification du plan de secteur du 2013 (S.O.L. ATHENA LAUZELLE), accompagné du rapport des incidences sur l’environnement (RIE).

Mesdames et Messieurs les Bourgmestre et Echevins,

Par la présente veuillez prendre connaissance de notre avis dans le cadre de cette enquête publique portant sur le projet susmentionné.

Il se décline en deux points :

– les justifications de notre opposition à l’acceptation du projet de SOL en l’état
– notre demande pour que des compléments d’études soient menés et rendus publics avant toute décision

 

A. Nous demandons que le projet de SOL soit refusé en l’état par les autorités communales.

Les justifications de cette position sont les suivantes :

A.1  Absence de motivation explicite de ce projet résidentiel

Nous estimons que les objectifs véritables de ce projet résidentiel ne sont pas déclarés dans le dossier soumis à l’enquête publique. Nous ne disposons que de la communication du promoteur relative à sa vision d’un quartier « durable et exemplaire », mais non de la raison pour laquelle un nouveau quartier doit être érigé, à l’initiative d’une université, à l’emplacement prévu dans le projet. Faute de savoir ce que le promoteur veut obtenir à travers ce projet, nous ne savons pas ce qui serait négociable comme alternatives ni ce qui sera priorisé dans la mise en œuvre pratique du SOL. Cela n’incite pas à être favorable à l’approbation du SOL.

A.2  Absence d’analyse des possibles alternatives

De notre point de vue, un objectif pertinent et d’ailleurs mis en avant dans la communication du promoteur, serait par exemple l’accessibilité au logement. Nous sommes sceptiques quant au fait que ce projet soit l’une des meilleures options possibles pour répondre à ce besoin, pourtant enjeu politique majeur dans notre commune.

Nous n’avons pas non plus d’examen des alternatives d’utilisation du même espace (qui pourrait par exemple être réservé à la biodiversité ou à une agriculture moins intensive en intrants). Les études environnementales n’envisagent des alternatives que pour des aspects secondaires (comme la fermeture du boulevard de Lauzelle au trafic de transit).

A.3  Manque d’évaluation environnementale de certains impacts

        • Nous n’avons par exemple pas d’évaluation de l’impact sur les parties du site Natura 2000 autres que le bois de Lauzelle. Or le bois des Rêves en fait partie par exemple, vers lequel les habitants seront renvoyés
        • Nous n’avons pas non plus d’évaluation des effets indirects liés à l’hydrologie (qu’il s’agisse du risque d’inondation ou du risque de perturber les écosystèmes humides de l’aval au cas où les mesures d’atténuation des effets sur les flux hydriques ne suffiraient pas).
        • Nous n’avons pas d’évaluation de l’impact sur le trafic au-delà de la proximité immédiate du site et pas de conclusion sur l’impact en termes d’émissions de gaz à effet de serre.

A.4  En raison de la législation, le dossier ne traite pas non plus d’enjeux d’intérêt public majeurs comme les implications pour les finances publiques, les implications distributives (en termes de distribution sociale des coûts et avantages), la question des besoins des générations futures et celle de la préservation des terres agricoles.

A.5  L’absence d’atteinte au site Natura 2000 n’est pas démontrée alors qu’elle est une exigence légale (y compris au niveau européen) et nous avons plutôt de fortes indications en sens contraire.

        • Le RIE et l’EAI affirment[1] que l’atteinte au bois de Lauzelle ne serait pas significative si leurs recommandations étaient mises en œuvre. Mais en raison de la nature de ces recommandations relatives à la nature, seule une minorité d’entre elles est reprise dans le SOL et il va de soi que l’approbation du SOL ne garantit en aucun cas qu’elles seront mises en œuvre avec succès.
        • Par ailleurs ces études ne considèrent pas le site Natura 2000 dans sa globalité (elles vont même, à travers la recommandation R-107, jusqu’à recommander un transfert de pression vers une autre partie du site Natura 2000 que celle qu’elles étudient).
        • Enfin, une analyse complémentaire menée par nos soins montre une forte présomption d’impact négatif sur une majorité des cibles de conservation du site Natura 2000 (document de J.P. Ledant intitulé « Un pas de plus vers l’EAI du projet de SOL Athéna-Lauzelle », mars 2024)

A.6  Les risques liés à la fréquentation du bois jouent un rôle clé dans l’impact que le projet pourrait avoir sur le site Natura 2000. Ces risques sont à la fois tributaires des comportements individuels mais aussi du nombre de personnes qui côtoient le bois, ce que le RIE ne prend pas en compte. Nous en concluons qu’en augmentant la fréquentation des bois le projet va drastiquement augmenter le risque et la probabilité de comportements dommageables, même si des efforts seront menés pour que cette augmentation soit infléchie.

A.7  Pas de garantie que les recommandations du RIE et de l’EAI favorables à l’environnement présentent une probabilité de mise en œuvre réussie et durable au moins égale à celle des sources d’impacts négatifs qu’elles cherchent à corriger.

        • Partant du principe que tout est indicatif et donc facultatif dans un SOL, il est logique de supposer que le promoteur mettra prioritairement en œuvre le projet tel qu’il l’a conçu en fonction de ses intérêts (en gros l’avant-projet) plutôt que les recommandations censées en atténuer les effets négatifs et ne répondant à priori pas à ses objectifs initiaux.
        • De plus, les sources d’impacts négatifs associées au projet des promoteurs ont un caractère bien plus fort et durable que beaucoup de recommandations visant à en atténuer les incidences (telles que la clôture de la recommandation R-100 ou l’effort continu et coûteux de gestion des espèces invasives de la recommandation R-112).
        • Enfin, il reste des incertitudes sur la manière et sur la mesure dont il sera possible de mettre en œuvre certaines recommandations liées aux eaux et aux déplacements (mobilité)

A.8  Malgré les lacunes dans l’information reçue, celle-ci permet d’entrevoir que le projet serait contraire à notre vision d’une transition écologique et équitable. Nous estimons que la transition a besoin à la fois d’une plus grande sobriété générale, de modes de production et de consommation moins dommageables à l’environnement (climat compris), de maintien des capacités à satisfaire les besoins futurs et d’une répartition plus équitable des richesses dans la société.

 

B. Nous demandons des compléments d’études, à rendre disponible aux décideurs et au public avant toute décision.

B.1  Un exposé par le promoteur des alternatives au projet qu’il a envisagées et des raisons de ne pas les avoir retenues. Nous demandons à ce que cette étude d’alternatives soit rendu publique.

B.2  Un complément à l’EAI existante, qui comprenne une évaluation de l’impact du projet (et non de l’avant-projet) sur l’intégrité du site N2000 dans sa globalité (y compris le bois des Rêves).

        • Cette évaluation devra se baser sur des hypothèses réalistes quant à la mise en œuvre et au succès des recommandations déjà formulées (inscrites ou non dans le SOL) tout en s’abstenant de prôner un transfert de pression sur une autre partie du site N2000.
        • Elle devra prendre en compte les impacts à distance véhiculés par les eaux (et les incertitudes les concernant). Elle devrait être plus détaillée quant à la situation de référence et devrait clarifier la distinction entre les recommandations de statu quo par rapport à la situation de référence et celles qui visent un changement par rapport à celle-ci.
        • Elle devra prendre en compte le caractère cumulatif des pressions subies par le site Natura 2000 dans sa globalité.
        • Elle devra clairement distinguer les situations avec et sans mesures de compensation (ces dernières exigeant d’interpeler la Commission européenne).
        • Il est souhaité qu’elle donne lieu à des discussions participatives impliquant les citoyens membres d’OLLNature (ancien PCDN) ou d’autres naturalistes locaux.

B.3  Des compléments à l’analyse de l’impact sur les eaux (y compris les eaux dont dépendent les zones humides du site N2000, le fonctionnement du lac comme bassin d’orage, le risque d’inondation jusqu’au bas de la vallée de la Dyle, la question de la séparation des eaux de pluie et usées, les mares du haut Pisselet, les zones humides de la Malaise) et, dans tous les cas, une stratégie plus claire pour anticiper correctement le risque que les recommandations qui pourront surgir des études ultérieures ne seront pas contraintes par les éventuelles décisions d’approbation du SOL

B.4  Une évaluation de l’impact sur les déplacements au-delà du rayon étroit couvert par le RIE, à la lumière de l’étude actuellement commanditée sur la mobilité autour de LLN.

B.5  Les implications du projet pour les finances publiques et la distribution sociale des coûts et bénéfices.

 

L’ensemble de toutes ces considérations, sur la forme et sur le fond de ce projet de SOL, nous amène à demander que celui-ci soit arrêté en l’état et repensé à la lumière du contexte socio-économique et de l’urgence environnementale (et climatique en particulier) que nous vivons.

Nous demandons à cet effet l’ouverture d’un temps et d’un espace de réflexion à ce sujet, dans lequel le citoyen aura une réelle place.

Remarques personnelles :

 

 

 

Je souhaite être tenu au courant des suites de ce dossier.

En espérant que vous voudrez bien tenir compte des arguments évoqués dans cette lettre, je vous prie de croire, Monsieur le Bourgmestre, Mesdames et Messieurs les Échevins, à mes sentiments très respectueux.

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[1] C’est curieusement dans le corps du texte, page 92 de l’EAI, qu’apparait cette affirmation (non argumentée) et non dans la conclusion générale du rapport d’EAI qui porte un jugement sur le promoteur plutôt que sur le projet et ses incidences.