Andenne – Un projet mégalo et un SOL à remuer

Andenne – Un projet mégalo et un SOL à remuer

Il existe en bord de Meuse un collectif qui a analysé un dossier de plusieurs centaines de pages, préparé une mobilisation de fond pour une enquête publique imminente, lancé une pétition destinée au Parlement wallon qui a déjà recueilli plus de 1500 signatures, ouvert un crowdfunding pour d’éventuelles actions en justice et même produit de très beaux T-shirts. Et qui a fait tout cela au cours du seul mois d’avril!

La raison de cette activité frénétique : pas seulement le dynamisme et l’efficacité de ce collectif… mais surtout la volonté de Claude Eerdekens, le bourgmestre quasiment « à vie » (depuis 1977!) de la commune d’Andenne d’accélérer le projet de construction d’un nouveau quartier sur la Plaine d’Anton (connu de tous les Andennai·se·s sous le nom de Ma Campagne). Sur une vaste zone de 50 hectares aujourd’hui verte et agricole, le projet est de faire sortir de terre un (deuxième!) centre culturel, une extension de complexe sportif, une nouvelle caserne de pompiers, de nombreux bâtiments administratifs, des commerces… et près de 1000 logements.

Do, Ré, Mi, Fa… et puis SOL

Ce projet d’extension de la ville resurgit périodiquement depuis 40 ans sous des formes très diverses mais, cette fois-ci, le bourgmestre y met toute la gomme. Un Schéma d’Orientation Locale (SOL) a été réalisé (sans la moindre consultation de la population, cela va de soi). Il a été présenté au conseil communal lundi 22 avril. Et il a (évidemment!) été voté par la majorité (PS-MR), malgré les nombreuses critiques émises par le collectif « Touche Pas à Ma Campagne », les centaines de personnes qui soutiennent son action, et malgré les démarches de l’opposition qui a souligné les nombreuses lacunes du dossier et qui demandait une large consultation préalable de la population pour un projet d’une telle envergure.

La loi n’obligeant pas à une telle consultation à ce stade, le bourgmestre a considéré qu’il n’y avait pas besoin d’en faire plus que le minimum légal imposé et qu’il pouvait avancer sans état d’âme.

A la suite de cette adoption par le Conseil communal, le SOL doit désormais passer une nouvelle étape: celui d’une enquête publique qui permettra – enfin – à la population de donner son avis sur l’ensemble du projet.

Un SOL maintenu dans l’obscurité d’un… sous-sol

Petit détail qui en dit long: il n’y a pas eu de « réunion d’information publique » destinée à la population avant le lancement de l’enquête publique. A nouveau, ce n’est pas illégal… mais pour un projet d’une telle ampleur – dont la réalisation devrait s’étendre sur 50 ans! – ce serait pourtant le minimum de la part de la Commune que de fournir une information claire et synthétique à la population.

La seule alternative pratique à cette absence d’information officielle est donc que chaque habitant aille consulter et déchiffrer les épais dossiers au service de l’Urbanisme (ce que l’écrasante majorité ne pourra pas faire). On voit bien que le souhait du bourgmestre est que son très grand projet fasse l’objet d’une très petite attention de la part de ses « chers administrés » et qu’il puisse continuer à mener sa barque (et construire son nouveau quartier) à son aise et avec le moins de contrôle possible.

Objectif Wallonie

L’enquête publique se déroulera du 2 au 31 mai. Le collectif « Touche Pas à Ma Campagne » prépare une vaste campagne d’information, et notamment une lettre-type qui pourra être largement diffusée.

Vu l’ampleur du projet et le fait que c’est la Commune qui en est le promoteur, ce sera au gouvernement wallon (le prochain!) de prendre la décision de valider ou non le SOL, au terme d’un examen complet de tout le dossier et des réactions issues de l’enquête publique.

Pour attirer l’attention sur ce dossier et surtout pour faire connaître les critiques et l’opposition que celui-ci suscite, le collectif « Touche pas à Ma Campagne » a décidé de lancer une pétition devant lui permettre de présenter une interpellation devant le Parlement wallon (ici aussi, le prochain!). La procédure légale exige que 1.000 signatures soient réunies sur une pétition officielle pour que cette interpellation puisse avoir lieu. Le collectif en a recueilli plus de 1.500 en deux semaines! Et il veut passer la barre des 2.000 pour donner encore plus de poids à cette démarche.

Videz vos poches et remplissez votre dressing

Le collectif n’est pas qu’actif, il est aussi prévoyant. Pour financer sa campagne d’information mais aussi pour pouvoir faire face à de possibles procédures juridiques très coûteuses, il vient en parallèle de lancer un premier appel de fonds dont l’objectif est de récolter 5.000 EUR avant le 30 juin.

Et, cerise sur le gâteau, il a produit de superbes T-shirts, vendus au prix de soutien de 20 EUR.

Solidarité wallonne

Ce projet concerne évidemment avant tout Andenne. Mais, par son ampleur (sa démesure!) et par ses motivations (qui contredisent toutes les évidences démographiques et environnementales actuelles) et par le refus obstiné d’ouvrir le débat avec la population, il pose des questions qui vont bien au-delà d’un projet local.

Parce que, si Claude Eerdekens est – heureusement – unique, il y a ailleurs d’autres petits potentats locaux qui rêvent encore de passer à la postérité en imposant des projets de ce style. Et surtout parce que les crises actuelles en matière de climat, d’environnement, d’agriculture et d’alimentation, de (ré)aménagement du territoire et des villes… obligent à trouver d’autres réponses que la bétonisation et l’artificialisation des terres agricoles et des espaces verts.

Nous vous invitons donc à signer la pétition, à répondre à l’enquête publique et à contribuer généreusement à la cagnotte de « Touche Pas à Ma Campagne ».