Herve – Visite guidée d’Attaque la ZACC

Herve – Visite guidée d’Attaque la ZACC

Le ciel a semblé adresser un signe aux dizaines de personnes qui ont répondu présentes à l’invitation du collectif citoyen Attaque la ZACC ce dimanche 2 juin après-midi. Même timidement, le soleil brille pour accompagner leur balade autour de la Zone d’Aménagement Communal Concerté (ZACC) de Herve-Bolland. L’objectif de ce rassemblement : informer la population – parfois peu ou pas au courant – de grands projets d’aménagement et l’alerter sur leurs conséquences. En effet, s’ils se réalisent, ces grands projets transformeront radicalement le visage de la ville de Herve, la qualité de vie des riverains et au-delà.

Tout au long du parcours sur le Ravel, des intervenants ont sensibilisé les participants à certains aspects de l’aménagement de la ZACC. C’est sur ces terrains – actuellement vierges de construction – qu’une trentaine d’entreprises pourraient s’installer dans un parc d’activité économique mixte (PAEM) de 7 hectares environ. Il est prévu que l’ensemble de la ZACC soit ensuite « bétonné » avant que la ZACC de Herve-Battice ne subisse le même sort. Si ces projets se concrétisent, en l’espace d’une génération, ce sont 80 hectares qui seraient artificialisés pour y construire 700 logements, bureaux, commerces ou petits ateliers à destination de 1500 nouveaux habitants. Tout cela de part et d’autre de la N3, sur la ligne de crête entre Herve et Battice.
Le collectif Attaque la ZACC est inquiet. Pour lui, ces plans d’envergure ont été conçus dans l’esprit du siècle dernier où l’on a construit sans retenue, sans en imaginer la gravité des conséquences. Aujourd’hui au quart du 21ème siècle, quelle conscience avons-nous des effets du réchauffement climatique, de l’effondrement de la biodiversité et d’autres dérèglements dus à la course à la croissance ? Les 41 victimes des inondations de juillet 2021 ne nous ont-elles pas alertés ? Les pluies catastrophiques de plus en plus rapprochées – en attendant les canicules – ne nous incitent-elles pas à plus de lucidité ?

Portés par ces questions, des membres du collectif ont éclairé les participants sur une série de sujets critiques liés à ces projets : la mobilité, l’agriculture, la santé environnementale, la collecte des eaux pluviales.

La traversée du Ravel par le charroi vers le parc artisanal créera davantage d’insécurité pour les cyclistes et les piétons, alors que les auteurs du projet prétendent que la mobilité douce va être encouragée. Comme toutes les rues adjacentes déboucheront sur la N3, le flux de centaines de voitures supplémentaires engendrera inévitablement des embouteillages sur l’axe congestionné aux heures de pointe. Imaginer que l’on pourrait convaincre les camions d’adapter leur horaire est une vue de l’esprit. Autre sujet sensible abordé : le sacrifice de terres agricoles. Elles sont pourtant indispensables pour assurer notre alimentation. Elles contribuent à la restauration de la biodiversité. Malgré cela, en Région wallonne, on continue à les artificialiser au rythme de 1.685 terrains de football chaque année. Ces sols, sur lesquels on projette de construire, sont (très) imperméables. Des noues et des bassins d’orage suffiraient pour garder les eaux de pluie sur les hauteurs, prétendent les experts. Pourtant, le bassin d’orage aménagé sur le site pour une entreprise ne se vide jamais et son trop-plein aboutit à l’égout, lui-même saturé lors des fortes pluies et en mauvais état. Les conclusions d’une étude récente de l’AIDE sont sans appel à cet égard : Les zones problématiques qui ont été détectées représentent une partie importante du réseau d’égouttage de Herve et Battice. Il nécessite de profonds réaménagements. Les citoyens dont les caves seront inondées apprécieront. Que dire des habitants des vallées qui n’en peuvent plus d’être sur le qui-vive dès qu’une forte pluie est annoncée ?

Un autre thème a retenu toute l’attention des participants. Une médecin, spécialiste des questions environnementales, a expliqué en quoi, au vu de toutes les données scientifiques disponibles, le projet se heurte à l’objectif de maintenir et de protéger la santé des populations. Or, la santé publique devrait être une priorité. La pollution de l’air, la pollution sonore, mais aussi l’augmentation des risques d’inondation et de vagues de chaleur, les conséquences de la chute de la biodiversité, de la pollution des eaux, l’émergence de maladies vectorielles sont autant d’atteintes à la santé des riverains. Sans parler des pandémies à venir ainsi que des autres chocs prévisibles, notamment en ce qui concerne l’autonomie alimentaire. Ces questions essentielles sont malheureusement ignorées par les promoteurs experts.

Une mauvaise surprise attend les marcheurs au terme du circuit. En effet, alors qu’ils s’informent et s’inquiètent des conséquences du parc artisanal de 7 hectares, ils apprennent que les promoteurs voraces envisagent de modifier le plan de secteur pour créer un zoning d’environ 35 hectares à Outrecour, aux limites entre Herve et Soumagne. Donc, au lieu de se réjouir de l’autre modification du plan de secteur qui reverse les terrains de la ZACC de la route de Maastricht en zone agricole, une nouvelle source d’inquiétude leur tombe dessus.

Tout au long du parcours, l’échevin de l’urbanisme, qui n’avait pas hésité à se joindre à la balade, a défendu ses choix. Son droit à la parole a été respecté. Le collectif Attaque la ZACC demande la réciproque. Au moment où l’avenir de notre commune se décide pour les générations futures, une saine démocratie ne devrait-elle pas amener les décideurs à « mettre les citoyens au centre » plutôt qu’à déléguer aux seuls experts le soin de le déterminer ?

Attaque la ZACC continue en tout cas ses actions d’information et de sensibilisation afin d’amener ce dossier sur la place publique, l’agora où les citoyens se rencontrent pour construire et assurer la viabilité de leur avenir.

 

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