Cristal Park: la fin des faillites… mais pas des problèmes!

Cristal Park: la fin des faillites… mais pas des problèmes!

Des projets immobiliers ou commerciaux qui ne voient pas le jour suite à l’opposition des habitants ou à des difficultés internes, cela n’est pas rare. Mais un projet qui sombre dans le cadre d’une faillite à rebondissements en laissant un trou de près 30 millions d’euros et un monceau de questions non résolues, c’est exceptionnel… et cela se passe à Seraing.

«Cristal Park», c’était un énorme projet de constructions et d’activités à la fois de logements, de bureaux, d’hôtels, de loisirs et de tourisme (incluant une piste de ski et un centre aquatique!) voulu depuis 2004 par Alain Mathot, alors bourgmestre PS de Seraing, sur le site entourant les Cristalleries du Val Saint-Lambert et qui était censé créer un millier d’emplois.

Vingt ans après, la première pierre n’a pas encore été posée… et ne le sera jamais puisque son promoteur, Pierre Grivegnée, a été arrêté et inculpé d’abus de biens sociaux et que tout le château de cartes s’est effondré à la suite.

Plusieurs des multiples sociétés filiales créées pour donner vie aux divers aspects du projet ont été mises en faillite en décembre 2022 et les dernières viennent de l’être fin mars 2024.

Le problème, c’est que la société-mère IMMOVAL (dirigée par des élus PS et MR !) possédait tous les actifs du projet (essentiellement la majorité des bâtiments et des terrains du site)…mais que la plupart du temps, ce n’était que sur papier car il ne s’agissait que de compromis de vente. Elle n’a jamais payé un euro pour les acheter réellement. Ces bâtiments restent donc la propriété de la Ville de Seraing ou de la société d’habitations sociales la Maison Serésienne.

Il ne reste donc plus grand-chose à vendre pour récupérer un peu d’argent en vue de rembourser les créanciers. Car les passifs déclarés sont énormes: 16,5 millions pour VALINVEST, 12 millions pour IMMOVAL et des centaines de milliers de ci de là. Soit presque 30 millions ! Comment dès lors rembourser les créanciers, qui sont à la fois de gros investisseurs publics (l’intercommunale ECETIA, le fonds de pension OGEO et le holding mixte NOSHAQ) mais aussi les architectes qui ont travaillé pendant des années pour réaliser des plans et des dossiers et dont les factures n’ont jamais été payées!

C’est là qu’apparaît un gros problème supplémentaire: c’est que la Ville de Seraing s’est portée garante pour toute une série de prêts et qu’elle doit assumer en cas de non remboursement. Or, aucun prêt n’a été remboursé. Ces garanties visent notamment les 100 hectares de bois et prairies du Val Saint Lambert qui appartiennent à la Ville de Seraing mais qui doivent être transférés à OGEO Fund, l’ex-fonds de pension de Stéphane Moreau actif dans l’immobilier, suite au non remboursement d’un prêt. Et plusieurs millions d’euros qui devraient être remboursés par la Ville qui s’est portée garante sur d’autres prêts liés à ce dossier.

On le voit, ce dossier est loin d’être réglé, à la fois financièrement mais aussi et politiquement. Car, pendant 20 ans, le projet Cristal Park a été promu, vanté, encadré et gavé financièrement par les responsables communaux et leurs divers alliés. Ensemble, ils ont aussi, jusqu’au bout, essayé de maintenir le silence sur ce fiasco gigantesque alors que s’accumulaient les révélations sur les pratiques douteuses du promoteur. Et maintenant, ils doivent trouver des sommes colossales dont ils ne disposent pas!